Oh ! Une cabane vide rien que pour moi ! Ou pas .. [PV Eôs]

M'aider ?... Pourquoi pas. Après tout, ça sera toujours un peu plus joyeux à deux.

- J'accepte ton aide si tu n'as pas peur de mettre la main à la pâte ! Littéralement parlant.

Alors, je lui explique que chez les animorphes, il est un rite funéraire qui exige qu'une fois par an environ nous rendions hommage à nos proches disparus. Pour ce faire, il suffisait de leur rendre visite, d'entretenir leur sépulture et de leur préparer un repas. D'où ma raison ici-bas.  

- Ne t'inquiètes pas, les morts ne mangent pas. Mais une ancienne légende raconte que les odeurs des aliments préparés leur parviennent et que de là où ils sont ils nous remercient d'avoir une petite pensée pour eux... Aujourd'hui c'est le jour de la fête du printemps, et avec Démosthène, nous avions l'habitude de cuisinier des pâtisseries de son cru. Tu vas voir, c'est assez facile à faire. Le mieux est encore de les déguster au coucher du soleil, c'est magnifique par ici !

J'énumérais déjà à haute voix les ingrédients nécessaires quand l'idée que j'impliquais une toute jeune fille là dedans me frappa.

- Bon après, rien ne t'oblige à les déguster avec moi à côté de sa tombe, je sais que ce rite peut être assez dérangeant pour certains...

Rassurée, nous nous mettons donc à la tâche. Le plus dur et de s'occuper des grains de blé. Il y a un petit carré en friche derrière la cabane, je décide donc de m'y atteler en premier. La besogne est certes peu agréable mais au moins nous avons tout le loisir de discuter et de profiter du soleil de ce bel l'après-midi. Alexane ne parle pas de son passé, en contre-partie elle ne me demande rien sur ma vie non plus. Deux heures plus tard, nous avons tout le nécessaire pour commencer à vraiment cuisiner les pâtisseries.  Je lui enseigne comment fabriquer la pâte et la mélanger. Pendant ce temps, je m'occupe du fourrage. Il s'agit en fait de petit roulés dorés au four, croustillants à l'extérieur et fondant à l'intérieur.

Vers quatre heures, il ne nous reste plus qu'à allumer l'énorme fourneau en pierre dans lequel nous insérons nos créations. Fatiguées, nous sortons sur le perrons dehors. Il y a un banc en bois qui nous permet d'observer tranquillement l'horizon. Le silence s'installe, nous écoutons les chants des oiseaux et le cris des autres petits animaux peuplant la forêt alentour, tout en sirotant un thé bien frais.

Je lui propose de se débarbouiller avant la dégustation, et toutes deux nous montons à l'étage où il y a les deux chambres et une petite salle de bain. Par un système ingénieux, Démosthène a su installer l'eau courante. En revanche, l'eau n'est pas chaude et il faudra se contenter d'une douche froide voire tiède si on tient en compte la chaleur qu'il a fait toute la journée et le soleil qui a sûrement réchauffé un peu le petit conteneur.
Je la laisse y aller en premier. Pour m'occuper, je fais un petit tour dans mon ancienne chambre. Qu'est-ce que c'est bizarre de se retrouver ici après toutes ces années. J'ai presque l'impression d'être une étrangère en ces lieux. Je furète et gagne la petite bibliothèque de mon père. Les vieux bouquins sont toujours là. Le temps que je jette un coup d’œil aux différents titres et que l'un d'eux m'interpelle, Alexane est sortie et me laisse la place. Je décide de revenir ici un peu plus tard, sûre de ne jamais avoir vu ce livre de ma vie...

Peu après, je redescend à la cuisine et décrète que la cuisson est terminée. Une très forte odeur de gâteau se répand dans toute la pièce. Je salive déjà et impatiente, je les mets en vrac dans un petit panier et nous guide toutes les deux à la tombe de Démosthène.
Je m'assois et invite la jeune fille à faire de même. Enfin, je dépose un gâteau sur la stèle, un autre dans les mains d'Alexane et m'empare d'un dernier dans lequel je mors à pleines dents !

- Délicieux, dis-je tout simplement.