Rencontre à la frontière de l'Hadès

Lorsque je m'éveillais, je me trouvais dans une chambre assez spacieuse et lumineuse. Je reposais sur un lit confortable, mais en l’occurrence ce n'était pas ce qui me préoccupais le plus. De fait, je m'étais évanouis dans une clairière mortellement blessé avec une sorte de passeur de l'Autre-Monde devant moi, et à présent j'étais bien vivant et, après un rapide inspection de mon corps via mes sens, guéri pour la majeure partie de mes blessures. Je tentais de me lever mais une violente douleur brûla mon épaule gauche le long de ma cicatrice, me faisant retomber sur le lit. Avec précaution, je tentais de me relever une seconde et y parvint. Je constatais alors que mon corps était couvert de bandages apparemment propres et changés du jour. Plusieurs interrogations subsistaient tout de même, où étais-je? Qui m'avait emmené ici? Comment? Dans quel but? Mon regard se posa alors sur l'épaule qui portait la morsure. J'entrepris d'en retirer les bandages légèrement teintés de sang et je me mis à la regarder pensant que je lui devais à la fois une malédiction et apparemment mon salut. Ironique n'est-ce pas? Je fis alors apparaître une petite flamme au bout de mon index droit et entrepris de cautériser ce qui restait de la blessure. À jamais je garderais cette marque pour me souvenir à travers ses irrégularités que le monde n'est jamais aussi clairement définissable qu'on le pense, ce qui est tenu pour acquis peut-être retiré à tout moment.
Alors que je finissais mon travail, j'entendis qu'on actionnait la porte de ma chambre, je me retournais et vis ce que je supposais être un médecin, de toute évidence un vampire, entrer.
-Ah vous êtes réveillé! Parfait, je commençais à douter sérieusement que vous rejoigniez le monde des vivants. Il faut dire que lorsqu'on vous a amené ici, vous étiez plus mort que vif. Quoi qu'il en soit, vous êtes absolument robuste pour un elfe, votre sauveur nous a décris le lieu où il vous a trouvé et franchement décimer une quinzaine d'Ombre-Hyènes à vous seul et survivre un tant soit peu est plus qu'un exploit.
-Pardonnez-moi de vous interrompre, mais où suis-je et depuis combien de temps?
-Ah pardonnez-moi il est vrai que vous devez être curieux de savoir ces éléments d'information. Vous êtes ici dans l'Hôpital des Vampires de Rigalen en plein cœur de Lardennis où l'on vous a amené il y a deux semaines.
-Rien que ça.
Je me sentis alors plein d'amertume, mais je n'avais pas la moindre idée de pourquoi, comme si le fait de ne pas avoir pu agir ou d'avoir été si impuissant durant deux semaines me reléguait au rang de rebut. Je me senti alors subitement affamé. Le médecin dû s'en apercevoir car il quitta brièvement la pièce et rapporta une corbeille de fruits sélectionnés pour leur apport en vitamines et autres sels nécessaires au bon fonctionnement de l'organisme.
Alors que je prenais l'un d'eux et que je commençais à le peler, l'homme à mes côtés se remit à m'interroger.
-Excusez-moi de vous demander ça, mais comment, étant un elfe...
-Je fais pour être aussi musclé et résistant?, je devançais sa question tant ses regards étaient insistants.
-Exactement.
-Vous n'avez vraiment pas une idée?, lui demandais-je un sourire narquois aux lèvres.
-Ben à vrai dire, je me demandais si vous n'étiez pas le fruit d'expérimentations quelconques.
-Absolument pas, lui montrant ma cicatrice, je poursuivi, ceci m'a été infligé par un Lycan hors de contrôle. J'ai été infecté par certaines de leurs caractéristiques, mais je suis également frappé par des crises de démence qui se déclenchent de manière aléatoires.
-Bien entendu ça ne me surprend guère. Vous avez de la chance d'être un elfe, un humain en serait mort ou aurait été chassé s'il avait survécu car il aurait été trop dangereux. Vous faisiez quoi dans le Forêt de Cristal?
-J'ai été de banni de mon clan pour des raisons de pureté sanguine stupides, et ils m'ont chassé. Je me suis retrouvé à proximité de la frontière avec votre territoire au cours d'une de mes crises. D'ailleurs, connaissez-vous mon sauveur, je souhaiterais le rencontrer.
-Vous n'allez pas tarder à le rencontrer, il n'a pas cessé de vous rendre visite durant ces deux semaines et voulait absolument être informé à votre sortie du coma. Je l'ai déjà prévenu et je crois qu'il arrive.

En effet, je percevais dans le couloir des bruits de pas assurés comme ceux des souverains mais également comme un homme pressé qui a patienté longtemps avant d'obtenir ce qu'il souhaite.
Il s'arrêta devant la porte et l'ouvrit. Quand il la passa, je reconnu non sans surprise le Charon que j'avais vu deux semaines plus tôt alors que je croyais ma dernière heure venue.
Il me regarda longuement puis m'adressa la parole.

Epsilon était arrivé devant la chambre tout juste quelques minutes après avoir reçu le message du médecin. Le mystérieux elfe s'était enfin réveillé. Il était déjà passé un grand nombre de fois dans l'espoir d'être présent pour le questionner à son réveil mais il arrivait quand même peu après. Il franchit la porte calmement et essaya sans succès d'interpréter l'expression surprise de l'elfe. On aurait dit qu'il était face à la mort elle-même et qu'elle lui souriait bêtement.

- Bonjour l'elfe. je me doute que tu as du te poser beaucoup de questions, bien que les médecins t'aient en partie répondus. Pour ma part je me pose la même que celle qui dois te tarauder l'esprit en ce moment : mais qui ai-je en face de moi?
Laisse moi donc me présenter avant de poser tes questions. Je me nomme Epsilon Luna, souverain des terres Vampiriques de ce continent. Je t'ai trouvé presque mort à l'issue du combat durant lequel tu as étripé une quinzaine d'Ombres-Hyènes, fait héroïque en lui-même.
Maintenant... Qui es-tu?

Il laissa planer un petit silence entre sa présentation et sa question, curieux d'entendre l'histoire de l'elfe.

Ordinairement, je n'aurais pas répondu complètement à la question comme je le fis cette fois-là. Mais d'un autre côté, l'aura que dégageais ce souverain me mettais en confiance. Je ne sais pas exactement pourquoi, mais d'une certaine manière, à ce moment-là je savais que lui et moi avions une sorte de point commun. Nous étions tout les deux des êtres aux sangs mélangés avec celui d'une autre race. Bien sûr, à ce moment, j'ignorais totalement que mon sauveur était lié à un démon. J'imagine que mon esprit animal me donnait une sorte de sixième sens. Jamais je n'aurais osé appelé cette part de moi-même un esprit Lycan, aucun d'eux n'est aussi bestial dans ses actes, exception faite bien sûr de ceux atteint de démence.

Mot pour mot, je lui racontait mon histoire. Mon rang d'enquêteur parmi les Elfes, la manière dont je fus mordu par un Lycan fou au cours d'une mission. Comment mon peuple et ma famille me renièrent, me bannirent et me pourchassèrent. Comment pris de folie à plusieurs reprises au cours de ma fuite j'ai tué sans distinction Elfes, animaux et agresseurs. La manière dont en tentant de rejoindre la frontière de Melodyus, je comptais rejoindre Anamruh mais pris d'une crise je me retrouvais près de la frontière. Comment errant dans la Forêt de Cristal je découvrais la vérité sur ce mal qui me frappait. Et enfin comment les Ombres-Hyènes s'étaient agitées et comment il s'était fait submerger par la bête en lui lors de l'affrontement contre ces monstres puis comment au bord de l'évanouissement il avait eu le temps d'apercevoir son sauveur tout en le prenant pour le passeur de la mort.

Je terminais mon histoire en m'agenouillant devant lui, baissant le regard en signe de respect, puis reprenant la parole, je déclarais:
-Seigneur Luna, Souverain des Vampires. Vous avez sauvé ma vie, elle vous appartient désormais. faites en ce que vous voulez. Mais comme vous vous en doutez, après avoir entendu mon histoire, même si je suis fidèle, je reste dangereux du fait de mes crises si besoin est, abattez-moi.

J'attendis alors sa réponse.

Epsilon resta un moment immobile, le temps pour lui d'assimiler toutes ces informations. Son histoires était assez extraordinaire pour être écoutée ! Un elfe-lycan.. Il n'en avait jamais vu auparavant, le lycan qui l'a mordu devait être bien mal pour perdre le contrôle au point d'attaquer un allié.. Quoi qu'il en soit ces modifications lui avaient permises de tenir tête à toute une meute d'Ombres-Hyènes et c'était incroyable. Il ne l'aurait d'ailleurs sûrement pas cru si il ne l'en avait pas sauvé en le récupérant après la bataille.
Cet elfe, donc, le reconnaissait comme sauveur de sa vie et la lui offrait en signe d'honneur ou de reconnaissance. Un geste digne des esprits les plus honorables. Il pris le temps de peser car la décision n'était pas légère. Avoir la responsabilité d'un lycan en sommeil dans la capitale n'était pas sans risque.. Même si il avait demandé à être 'contrôlé' en cas d'urgence. Le roi sourit intérieurement en espérant trouver un remède aux crises incontrôlables un jour. Mais en attendant il devrait le tenir à l’œil. Il en arriva à la conclusion qu'il était mieux d'accepter son offre et de le prendre à son service.

- Samriel Aëlon, je te prend à mon service en tant que garde du corps. Mais je ne prend pas la décision à la légère, laisse moi t'en donner les raisons. D'une part tu semble, et tu es, un solide guerrier. Tes compétences sont les bienvenues. D'autre part tu risque à tout moment de perdre le contrôle, je préfère donc te garder à l’œil pour pouvoir réagir immédiatement si cela devait arriver. Je Enfin, je suis persuadé que nous ne seront pas forcer de prendre ta vie. Nous avons des médecins, et des soldats, très compétents qui parviendront certainement à te neutraliser sans perte en cas d'incident.

Il laissa passer quelques instants

- Si tout cela te convient, tu sera logé, nourri et entretenu par le palais. En échange ta seule obligation sera de faire passer ma vie avant la tienne, ce à quoi tu semble déjà résolu.

Je relevais la tête, plongeant mon regard dans celui du monarque et dis:
-Une vie pour une vie, qu'il en soit ainsi maître.

Le pacte fut ainsi scellé, désormais je ne reconnaissais qu'un seul seigneur, l'homme qui avait sauvé ma vie, je ne reconnaissais plus le moindre droit sur ma vie. Je les lui avait offert, qu'il me tue ou non n'était plus mon affaire.

Ma nouvelle vie commençait.

RP terminé

Rp clos !

Samriel : 10 pts d'xp
Epsilon : 10 pts d'xp

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