À la recherche du destin [Ezekiel seule]

Le Canyon de Condel. Sa jungle, sa faune, ses dangers. En cela, la monture d'Ezekiel le percevait très bien, aussi elle la libéra. La bête, pas folle se carapata sans demander son reste. Heureusement, l'espionne savait que le cheval allait suivre les routes et apporterait son message à la caserne. Dans 2 jours, une équipe de recherche viendrait la récupérer. Néanmoins, elle regarda le cheval s'en aller jusqu'à le perdre de vue et vérifia son paquetage et ses armes. Fin prête, elle inspira un bon coup pour s'imprégner de l'odeur de la faille et s'élança, sa cape volant au vent. En contrebas, un Tékoya géant l'attendait, étirant ses immenses feuilles plates sur les autres arbres. La canopée fournie l'accueilli avec douceur et elle descendit ainsi, sautant de feuilles en feuilles jusqu'au sol. Dans le Canyon, la flore exceptionnelle qui s'était développée formait un véritable monde à part. Le soleil était filtré en quasi permanence, et certains champignons voyant là une opportunité en or, avaient mutés en champi-sol. Cette symbiose entre les arbres et les champignons intéressait bien sûr fortement les botanistes mais hélas, la nature dévoilait rarement ses secrets gratuitement. Combien d'aventuriers avaient succombé aux spores toxiques de ces lanternes vivantes ? Pour Ezel ce n'était pas un vrai problème, ses yeux prirent une teinte mordoré et sa vision s'adapta à la luminosité nocturne. Elle erra ainsi dans l'immense forêt, profitant de sa balade tout en restant sur le qui-vive à chaque bruits.
La sorcière Cassiopée lui avait conseillé le Canyon pour ses recherches sur son tatouage. Mais ledit canyon était immense et elle n'avait pas donné plus de renseignements, aussi, Ezekiel en avait déduit qu'elle ne devait pas chercher la signification, sinon que la signification la trouverait d'une manière où d'une autre...

2ème jour

Ezekiel grimaça en retirant un éclats de bois de son bras. Elle inspira un coup et appliqua sa magie de premier secours. La chair sanguinolente se ressouda mais ne guérit pas totalement. La sueur perlant de son front, elle s'adossa à un arbre et pansa sa blessure. L'attaque l'avait prise au dépourvu. Ce qu'elle croyait être un gros rocher s'était avéré être un gros et puissant éléfant de Mycen. Enragé, il avait encorné un pauvre arbre qui vola en morceau sont l'impact. Beaucoup plus agile que la bête, elle parvint à esquiver chacun de ses assauts avant de lui porter un coup fatal dans l’œil. Fatiguée et meurtrie, elle laissa le cadavre encore fumant de la bête aux charognards et autres bestioles. Avec ce morceau de choix en offrande, elle s'était ainsi assuré de quelques heures de tranquillité. L'éléfant n'était bien sûr qu'un danger parmi tant d'autre qu'offrait le Canyon. Néanmoins, Ezekiel en connaissait une grande partie grâce à son stage de survie. D'ailleurs, elle ne se doutait pas que ce même stage lui rendrait un autre type de service...

3ème jour

Un léger vent soufflait dans la petite clairière. Dans ce lieu de répit dans la jungle hostile, Ezekiel priait sur la tombe d'Abigaëlle dans le cercle des membres de son unité qui n'avaient pas survécu au stage. Abigaëlle avait été la première à avoir accepté Ezel dans les rangs des lycans. Sa première amie aussi. Et celle qui lui avait sauvé la vie au sacrifice de la sienne. La lycan ne pleurait jamais. « Un assassin ne pleure jamais les morts. Ni de ses mains, ni de celles des autres Ezekiel. Jamais. La mort est la seule amie de nous autres, les Enfants de la Nuit. » Elle avait suivit cet enseignement toute sa vie. Mais que lui avait-il apporté ? Rien si ce n'est une enfance volée. Elle s'en rendait chaque jour de plus en plus compte à mesure qu'elle vivait au sein des lycans. Elle avait d'abord été surprise par la froideur des lycans entre eux. On lui avait expliqué que c'était la nature solitaire des loups. Mais elle avait été aussi surprise par les liens forts d'entraide qu'ils entretenaient avec leurs semblables. Tout ceci remettait en question sa façon d'être et ces bouleversements la changeaient. En bien ou en mal ? Elle n'était pas apte à le dire, mais Abigaëlle lui avait fait entrevoir un avenir ou elle ne serait plus seule...
Une unique larme coula le long de la joue d'Ezekiel et celle-ci, surprise, la cueilli au creux de sa main. Pour lui rendre hommage, elle s'entailla la main, mélangeant la larme à son sang et serra le poing au-dessus de la tombe. Elle ferma les yeux et pria pour son repos.

Soudain elle les ouvrit brusquement. Quelque chose s'était approché sans qu'elle ne l'eut entendu. Si furtivement d'ailleurs que la créature reniflait à présent le poing d'où gouttait le sang. Restant aussi tendue qu'une corde d'arc, elle détailla la créature. Le pelage aussi noir qu'une nuit sans lune, des yeux capables de percer les ténèbres les plus profonds, un corps agile. C'était lui. Son tatouage, son familier. Il l'avait trouvé. Sûre d'elle, même si ce qu'elle faisait était de la folie, elle ouvrit la main. La créature renifla le sang et le lécha. Elle sentit un courant électrique parcourir son bras et se poursuivre jusqu'à son cerveau. Elle plongea alors son regard dans le sien et une pensée se répercuta dans son esprit : Nox. Ainsi s’appelait-il et désormais il serait son compagnon.

-Ravie de te rencontrer Nox. Je suis Ezekiel. Je suis ravie de partager ma vie avec toi.

Pour toute réponse, Nox posa une patte sur le tatouage d'Ezel et se fondit dans son ombre. Surprise, la jeune femme se retourna et poussa un cri de stupeur quand elle aperçut des yeux jaunes et des cercles lumineux.
«Toujours avec toi. » résonna la pensée dans l'esprit d'Ezekiel. Les yeux se fermèrent et les cercles disparurent mais l'espionne sentait toujours sa présence. Elle s'autorisa un sourire. Son séjour dans cet endroit été terminé...

La description du familier est dans le Bestiaire.