Le 218ème Salon de l'Art Amaranthien [Arga, Blake et Kanna]

- Bienvenue, Biiiiiieeeenvenuuuue au 218ème Salon de l'Art Amaranthien !!! De nombreux spectacles aujourd'hui à vous couper le souffle mais aussi des prestataires plus doués les uns que les autres qui n'attendent que vous ! Embarquez dans cette nouvelle aventure, voguez de stands en stands et surtout faites un don pour aider ces nouveaux artistes à démarer leur carrière !

Je traversais à peine les portiques du salon que le crieur public joua des coudes pour venir me voir.

- Notre cher Commandant Ly'llandril ! Quel plaisir de vous voir parmis nous ! me héla-t-il avec force alors qu'il n'était plus qu'à un mètre de moi. Déformation professionnelle sans doute. J'espère qu'il n'y a pas de brigands à arrêter cette fois-ci ? me demanda-t-il soudainement avec une grimace. C'est mauvais pour la réputation du Salon vous savez !

- Non, ne t'inquiète pas Almydas, je ne suis là que pour mon compte personnel. Promis, il n'y aura pas de grabuges cette année.

Un attroupement féminin se forma à l'entrée du Salon, provoquant ainsi un énorme bouchon.

- Mon ami, je crois que ces dames souhaitent des renseignements.

Ces dernières gloussaient comme des dindonxes et je me sentais de plus en plus mal à l'aise dans cette foule croissante. Ma nature d'elfe désirait plus d'espace et c'était là la seule excuse que j'avais trouvé pour me débarasser d'Almydas. Il était très gentil (peut-être un peu trop d'ailleurs). Ce dernier coula un regard vers le groupe avant de s'esclaffer :

- Non mon Commandant, détrompez-vous ! Ces demoiselles n'en ont qu'après vos charmes et ceux de votre protégé ! Votre courage sur l'île céleste a déjà fait le tour de Silencià et beaucoup de conteurs ce sont appropriés vos aventures pour en faire des chansons !

Blake souffla avant de mettre les mains dans les poches de sa tunique d'un air rageur. Je le comprenais, j'étais moi aussi assez gêné par la présente situation et après avoir salué une dernière fois le crieur, nous plongeâmes au coeur de la foule pour disperser les demoiselles qui nous suivaient.

- Tu as l'air d'avoir un certain succès finalement, toi qui avais peur de ne pas t'intégrer, lui dis-je d'un air taquin tandis que nous tournions au coin d'un stand de potterie. Cela ne parut pas l'amuser du tout aussi nous continuâmes de longer les chapiteaux, flanant de-ci de-là et observant attentivement les prestations en direct des artistes faisant découvrir leur passion.

Je le regardais passer près de moi avec une mine triste et résignée. 

Un silence inconfortable s'installa. J'étais perdu dans mes pensées et je ne m'en étais pas tout à fait rendu compte jusqu'à ce que j'entende la voix de la tatoueuse s'élever dans les airs, gênée :

Je me ressaisis, me disant que je rejoindrais mon disciple un peu plus tard. Avec le recul, nous pourrions peut être avoir une petite discussion, cela lui fera du bien de se confier. 

Et je le fis. Entièrement.

Oh. Avec les jeunes groupes de femmes célibataires qui n'arrêtaient pas de nous suivre Blake et moi, j'avais cru que la tatoueuse cherchait à nous recontacter pour un rendez-vous... hum, galant.

Heureusement, ce n'était pas le cas. Et puis, ça aurait été gênant au vu de ma nudité actuelle. C'était une simple question de curiosité, donc. Sur la nature de Blake. J'hésitais entre une réponse franche alors que ça ne la concernait pas ou une réponse partielle qui la contenterais. Après tout, elle avait cru perdre son don, si ça lui arrivait de nouveau, avec une petite explication de ma part, elle paniquerait sûrement moins. Je décidais d'en parler furtivement mais simplement.

La tatoueuse sembla rassurée. Et un peu songeuse. 

Je m'éclaircis la gorge avant de répondre :

La jeune femme me souris avec ravissement tandis que je m'asseyais. Cela ne fit qu'à me rendre suspicieux.

Je me tordis dans tous les sens avec un sentiment de gêne grandissant. Qu'est-ce qu'il m'avait pris de me faire tatouer ! Avec ma guigne, je ne pouvais qu'avoir un dessin stupide sur les fesses. Cassiopée en rirait à gorge déployée, elle... L'imaginer se bidonner me donna tout simplement envie de vomir.

Une rune elfique... Et quelle rune ! Elle symbolisait à elle seule la droiture guerrière, la franchise et l'équilibre. En somme, un signe de symbiose et d'accomplissement de soi. Je n'aurais pu espérer mieux.

Un grand sourire illumina mon visage. Même le sang qui recouvrait le symbole ne me déplaisait pas. En effet, je me servais très fréquemment de mon sang pour nourrir ma lame. A moins que cela ne désigne un mauvais présage..?

Je fis mine d'y réfléchir pendant quelques secondes mais... mmh naaaaaaaaan ! Broutilles que tout cela ! Cela ne pouvait que désigner l'appétit de mon sabre.

- Merci, ce tatouage est magnifique, je suis sincèrement touché par votre talent.

En effet, je ne tarissais plus d'éloges à ce sujet et pérora pendant une bonne dizaine de minutes, ventant les mérites de la louve et surtout exposant ma joie et ma fierté d'un tel symbole. Lorsque cette dernière m'en demanda la signification, je ne me fis pas prier et lui expliqua à quel point cela était une immense reconnaissance des Dieux et des mes aïeules qui sans cesse veillaient sur moi. Et dire que la lignée des Ly'llandril s'éteindrait pourtant avec moi... Je laissais échapper une grimace fugace avant de reprendre mon sang froid.

Je tendis la main à la belle demoiselle tout en lui promettant de la recommander chaleureusement à mes semblables. Elle sembla me remercier même si, vu la queue à l'extérieur, elle n'avait pas vraiment l'air d'avoir besoin de mon aide pour cela.

- Je vous souhaite bonne route, Mlle Follower.

Je sortis alors de la tente, essayant de repérer mon disciple parmi la foule grouillante alentour.