[Terminé] Un imprévu qui me coûtera cher... [PV Jin Oshiro]

Les cloches sonnèrent à l'aurore. Il devait être à peine 6h du matin, et déjà il fallait que je me lave (sommairement, vu le peu de savon que l'on me donnait pour rester propre), que je m'habille et que j'aille à l'usine en moins de 15 minutes. Je n'avais pour habitude d'aller à l'usine que lorsque Lina était très mécontente de moi. Vous devinez donc pourquoi je m'affairais à cette heure...
Je ne savais même plus pourquoi elle s'était énervée. Un rien la mettait en colère de toute façon en ce moment. Elle se plaignait de son commerce et de l'arrivage d'esclaves de plus en plus médiocres en ces temps de guerre. En même temps, cela paraissait normal pour moi, que les pays belligérant protègent plus leurs soldats que les fermiers perdus des alentours. Or Lina détestait la laideur. Et évidemment ces personnes là n'étaient pas tous des canons de beauté. Son insatisfaction était-elle qu'elle s'acharnait sur le peu d'esclaves qui lui restait.
M'enfin, je m'en fichais comme de ma première dent de lait moi de ses préoccupations. Ne pas voir son visage toute une journée, même pour subir la pression suffocante des cuves à l'odeur infecte que je devais sans cesse remuer , c'était comme ... le paradis ! J'étais toujours contrôlée, certes, et l'on me nourrissait encore moins bien que d'habitude, mais j'avais été affecté à un poste tellement écœurant que les gardes ne venaient nous surveiller que durant les temps de pause. Autant dire que j'étais libre de parler de ce que je voulais avec les esclaves de mon service, et que nous prenions tous un malin plaisir à critiquer les autorités de cette ville.

J'étais à mi-chemin dans ce dédale de rues sinueuses qu'étaient l'arrière ville de Melodyus, quand pour éviter d'être salie par une dame qui jetait son pot de chambre à même la rue, je sauta de côté et déséquilibrée, tomba sur quelqu'un vêtu d'un long manteau noir. Nous tombâmes tout les deux lourdement sur le sol pavé.

Arrivé à la ville, il fut confier à deux hommes en noir qui durent attendre son réveille avant de le traîner. Le poison lui faisait encore mal mais moins qu'avant. Les hommes lui avaient mi des menottes. Comme si cela servait. Quand il aurait retrouvé sa force, il les détruirait avec sa force de vampire.

Je marche d'un pas lent, ils me traînent en fait, je n'ai rien à faire. Je vois encore trouble, n'arrive pas a faire des mouvements brusque, j'ai l'impression d'avoir été drogué. Mais c'est juste le poison de l'autre enflure de roi. Je regarde la ville. Elle est sombre. Au passages, les humains me matent de travers. Qu'ont-ils tous ? Pourquoi me haïssent-ils ? Je n'ai jamais rien demandé moi ... Rien.
Moi-même je hais mon existence, ils n'ont pas à en rajouter. J'avais espéré que le poison soit mortel. Mais.. J'avais pas aussi essayé de me soigner ? Ah , je sais plus.

Alors que je suis perdu dans les pensé, quelqu'un bouscule un des types en noir. J'avais retrouvé une vision correcte depuis un moment. L'homme noir qu'était pas tombé me crois sans doute encore shooté car il aide son pote à se relever. J'en profite pour m'enfuir a toutes vitesse, empoignant l'humaine qui était tombé, pas pratique de trainer quelqu'un quand on a des menottes ! Saleté. Bref, je parviens à nous cacher. Mais je n'avais pas assez de force pour me délivrer.

" Écoute toi. Tu m'explique d'abord où on est et ce que tu pense que ces types allaient faire de moi. Après, tu me dit comment je peux me barrer sans être vu o.K ? De toute façon, t'as pas le chois ! "

Alors là, moi qui étais habituée à voir ou à faire des choses singulières, je venais d'exploser mon record. Un vampire m'avait en quelque sorte forcé à fuir avec lui, et maintenant nous étions... et bien dans la merde.

" Écoute toi. Tu m'explique d'abord où on est et ce que tu pense que ces types allaient faire de moi. Après, tu me dit comment je peux me barrer sans être vu o.K ? De toute façon, t'as pas le choix ! "

Je lui lança un regard mauvais. Vampire ou pas, je n'aimais pas qu'on me lance des ordres. J'étais esclave par état de fait mais non soumise.

- La ferme ! Je réfléchis.

Je vis ses yeux ronds, mais ne me préoccupa pas plus que cela de son mécontentement. Nous étions dans le quartier Sud, mais il m'avait fait bifurqué vers l'Est, donc ce débile nous avait rapproché du château et donc des gardes. Les renforts ne tarderaient pas à arriver, il fallait que je le cache. Je l'emmènerais à l'atelier... Les autres ne verraient pas ça d'un très bon oeil, mais la situation s'empirerait si nous étions capturés par le Roi. Je me leva et lui fit signe de me suivre. Je le guidais d'un bon pas dans un dédale de ruelles sombres, tout en lui expliquant la situation en chuchotant :

- Tu es à Melodyus, et escorté de la garde du Roi vers le quartier d'extrême Sud... Autrement dit, ils t'emmenaient à l'usine. C'est là qu'on y envoi les esclaves les plus... récalcitrants et agitateurs. Comme moi en fait.

Nous arrivâmes à un carrefour très éclairé, avec en son centre un cadran solaire qui indiquait l'heure. Je perdis alors tout espoirs d'arriver à l'heure et d'éviter un châtiment à mon retour. Boonn...

-Vas sur la gauche, fais vite ! le précipitais-je, car j'entendais des bruits de ferrailles et de pieds battant le sol.

Je le poussais dans une ouverture de 50 cm à partir du sol, et l'y suivis. Nous tombâmes dans une cavité obscure en sous sol, de sorte que par l'ouverture, nous pûmes voir les soldats passer devant nous. Quand tous dangers fut écarté, j'allumais une lampe. J'étais tellement venu ici que je pouvais me mouvoir à l'aise même dans le noir. Nous étions dans le sas.

- Je t'ai emmené à l'atelier. Ici tu vas trouver d'autres réfugiés comme toi, et beaucoup d'esclaves, de toutes races. Il vaut mieux que tu restes ici pendant un moment...

Je frappais deux coups secs puis trois coups longs à un pan de mur qui paraissait quelconque. Ce même pan de mur s'ouvra sur un camarade qui en m’apercevant nous laissa entrer sans un mot. Je sentis quand même son air désapprobateur.

-Oui, Dean, je sais... Je vais t'expliquer ça autour d'un bon verre.

A la fin du long couloir, nous débouchâmes sur la taverne clandestine. Une joyeuse agitation y régnait. Ce n'est pas parce que le sort s'acharne sur nous, esclaves, que nous n'avons plus le droit de rire...

Je m'assis au comptoir et commanda ma boisson habituelle. En double bien sûr. Le vampire, bien qu'un peu récalcitrant avait fini par s’asseoir à mes côtés. Il ne cessait de lançer des coups d'oeil partout. Le bruit du verre se posant en face de lui sur la table en bois le ramena à la réalité. Je pris le mien et l'éleva à mi hauteur :

- Au chant du laboureur dans le matin brumeux !
(les amis, si vous ne connaissez pas cette phrase, cherchez sur google. Un peu de culture que diable !)

J'avala cul-sec, et laissa un soupir de contentement m'échapper. Puis regarda intensément le vampire qui me faisait face pour l'inciter à parler.

Je l'avais suivit, en silence. J'avais envie de râler sur la façon dont elle me brusquait mais je ne disait rien. J'avais compris être dans une belle galère. Même si le ciel était recouvert de nuage, je ne me sentais pas très bien car nous étions en plein jour.

Maintenant, on est dans cet atelier où ma présence semble mal perçu. Ce qui me déplait au plus haut point ! Elle s'assoie a un comptoir et commande à boire. Je ne veux pas bouger, restant debout à côté d'elle. Au bout d'un moment, je me sens idiot. Alors je m'assois. J'observe le bâtiment, les gens avec curiosité. Je n'ai jamais été dans ce genre de lieux. Nous, on restait caché, loin de la guerre. De l'agitation. On ne m'avait même pas apprit qu'on était en guerre.
Le bruit d'un verre se posant sur le comptoir me ramène a la réalité. Je n'avais pas remarqué qu'elle avait commandé pour moi. Je regarde la boisson intrigué. Je ne sais pas ce que c'est. Elle dit une phrase dont je ne comprend pas du tout l'utilité puis bois son verre avec rapidité. J'en déduit que c'est de l'alcool. Je lui demanderais plus tard.

Elle se tourne ver moi après avoir bu et semble vouloir que je parle. Mais que veut-elle que je dise au juste ? Je soupire, appuis mon coude sur le comptoir et ne la quitte pas des yeux, je n'ais pas un ton méprisant ou impoli, juste intrigué. Je ne comprend rien.

" Tu veux que je te remercie c'est ça? Bah, merci. "

On voit que je suis pas doué pour parler aux gens. Je me baisse pour sentir l'étrange liquide. Faut dire que je ne connais que deux boisson. L'eau et le sang. Comme il y a un silence, petit, j'en profite pour placer ma question.

" C'est quoi ce truc ? "

Dis-je en montrant le verre du doigt.

La question me paraissait tellement saugrenue en cet instant que j'éclata de rire. Pas parce que je le prenais pour un idiot mais parce qu'il paraissait sincère et qu'il avait l'air de ne pas savoir quoi demander d'autre.
Je le regarda, amusée, avant de boire une autre gorgée de mon verre.

- C'est du Glayva, et le meilleur de la région en plus ! Pas vrai Mychael ?

L'homme au bar, à la barbe imposante et aux cheveux ondulés nous souria.

- Arrête de me flatter, veux-tu ! Tu sais déjà que la boisson est gratuite pour toi.

Il s'approcha tout en continuant d'essuyer des verres avec un torchon.

- C'est une nouvelle recrue ? me demanda-t-il tout en faisant signe de la tête pour montrer le vampire.

- Pas tout à fait...

Le-dit vampire nous regardait, un peu perdu.

- Quel est ton nom ? Moi, c'est Soa, et lui Mychael. Tu peux avoir confiance en nous,lui dis-je d'un ton patient et en l'encourageant du regard.

De l'alcool, je m'en doutais. Ils ne me laissent pas le temps de parlé, a discuter comme ça. Je suis encore trop vexé par le rire de la jeune femme pour lui répondre sans être impoli de toute façon. Je les regarde discuter sans comprendre leur discutions. Nouvelle recrue de quoi ? Pas tout à fait ne signifie pas à moitié ou un truc dans le genre ? Pourquoi j'ai l'impression de passer pour un imbécile ?!
Je les regarde tous les deux étudiant leur réactions.
Je repousse mon verre, leur expliquant aussi.

" Je suis mineur. "

Oui, c'était indispensable que je le précise, mais je suis un peu flatté de paraître plus mature. Même si un an me sépare de la majorité, j'aime pas l'alcool.

Là, la jeune femme daigne enfin m'adresser la parole. Son ton poli accentue ce que je savais déjà, elle me prend pour un attarder. Mais, je le suis un peut... Malheureusement. Elle me demande son nom, se présente et présente le type au bar. Elle précise que je peux leur faire confiance, mais après ce que m'a fait le roi, je ne peux pas faire confiances aux humains que je vois tous comme des êtres plus impur que moi par leur mots et plus cruel que moi.
Ils ne sont pas forcé de versé le sang, eux. Ils ont le chois. Je répond ainsi sur un air assez méfiant.

" Jin. C'est mon nom. "

J'aurais pu le suivre d'un "enchanté" mais ma méfiance avait comme étouffé ma voix.

Il avait parlé avec méfiance, en repoussant son verre d'alcool. Je n'étais pas étonnée de sa réaction. Généralement, tous ceux qui avaient atterris ici étaient soupçonneux quant à nos intentions. Le fait que l'on se regroupe dans un endroit isolés connus de nous seuls suffisaient à les rendre suspicieux.

- Oh tu sais, pour l'alcool, nous ne sommes pas très regardant vis-à-vis de la loi... Si tu aimes ça tu peux le boire, mais tu n'y est pas obligé, ne t'inquiète pas. Il en va de même pour ton passé. Tu n'es pas forcé de nous en faire part. Dis-toi juste que tu es entouré de réfugié ici, d'origines confondues, dont le seul désir est d'échapper à la destruction du tyrannique Trajan.

J'avais presque crachés les derniers mots, ne pouvant contenir ma haine quand je pensais à ce salaud qui nous faisait subir cette torture physique et morale constante. J'en avais assez de vivre enchaînés et de voir mes amis, ma seule famille mourir les uns après les autres à cause de son règne de terreur... Mon regard se rembruni et j'ingurgita ma dernière gorgée d'alcool, avant de lançer un coup d'oeil à Jin.

- Tu peux rester ici le temps qu'il faudra. Si tu veux partir tu en es libre aussi, nous pouvons mettre à dispositions quelques personnes pour t'aider à rejoindre ta contrée... Tout ce que nous demandons en contre-partie, c'est ta discrétion. Personne ne doit savoir pour cet endroit et les gens qui s'y trouve. Suis-je bien claire ?

Claire, net et précise. Elle a utilisé des termes que j'ai compris, et cela me plait. Je suis O.K pour rester, je n'ai nulle part où aller. Garder le secret ? Bien évidement. Pourquoi ferais-je quoi que ce soit qui serve cet imbécile Trajan. Un nom que je n’oubliais pas, ma haine le gravera dans ma mémoire. Même sans connaitre mon passé, il ne m'a pas libéré de l'horreur de mon existence que je maudis. J'aurais voulu que son poison soit mort, tout serait fini. Je me contente de lui répondre, moins méfiant.

" Je pense que j'vais squatter un moment. 'Pas l'chois, j'ai nul part où aller. Mes contrées comme tu dis, j'y ai jamais foutu les pieds. 'Sais pas comment ça s'passe là bas, 'sais pas si c'est l'bordel ou pas. Quant au secret de l'emplacement de cet endroit, je le garde. Ce Trajan, le rencontrer une seule fois m'a suffit à le haïr. "

J'ai conscience que je parle mal. Mais j'y peux rien, on ne m'a jamais apprit a parler mieux. Je regarde le verre. J'aime pas l'alcool hein, mais j'ai rien à regarder.
J'évite de l'informer que je n'ai pas compris le mot "tyrannique". J'ose imaginer que c'est péjoratif. Je porte à nouveau mon regard sur ce qui m'entoure. Je devais avoir l'air d'un enfant complètement perdu ce qui me rend sans doute ridicule. Et je hais ça. Mais, je suis intrigué par ce lieux. Non. Ce n'est plus vraiment le lieux qui m'intrigue. Mais les gens qui m'observent. Leur regards que je sens posés sur moi sans forcément les voir me gêne. Je commence à jouer nerveusement avec mes mains, 'plus fort que moi.
¤ Qu'est-ce qu'ils ont à me fixer comme ça ? Eux aussi me détestent ? ¤

Un silence pesant s'installe. Sa gène est palpable, visible même, car on voit que le nouveau venu ne cesse de se tordre les mains. Je décide qu'il est temps de décoller. un regard suffit pour que Mychael retourne vaquer à ses occupations. Je me lève et encourage Jin à me suivre. Nous passons par une nouvelle porte dérobée, traversons un long couloir de pierre noire illuminée de temps en temps par une chandelle. On sent que nous nous enfonçons de plus en plus loin sous terre, l'humidité imprègne nos vêtements et c'est loin d'être agréable. Mais l'atelier et ses alcôves secrets, c'est tout ce que nous avons de plus cher au monde... Un refuge, un vrai !
Je m'arrête devant une porte en bois semblable aux vingtaines d'autres alentours. Je sais que celle là est libre. Il y a peu de temps, l'un d'entre nous y vivait... Il n'y reviendra plus jamais. Mon moral prend un coup. Enfin, je décide d'épargner les détails à Jin et lui ouvre la porte.

- Je t'en pris, entre. Voici ta chambre, lui dis-je en parcourant les lieux du regard. C'est tout ce que nous avons à t'offrir.

La dite chambre est constituée d'un lit sommaire et d'un bureau. Le tout éclairé à la lumière d'une bougie, comme d'habitude.

- C'est un peu sombre, j'en conviens.. Mais tu verras vite que cela vaut mieux que de fréquenter les cachots du palais de Trajan, essayais-je de plaisanter. Pour ce qui est des repas, ne t'inquiète pas, je parlerais de toi au cuistot, tu seras pris en charge. Sinon, pour les douches et bien... C'est à l'ancienne. Il faut aller chercher de l'eau dans les cuisines et te laver dans cette bassine, ici.

Il vit l'objet que je pointai du doigt, jusqu'alors caché par l'obscurité ambiante. Une petite bassine accompagnée d'un savon et d'une brosse jonchait le sol. Oui ce n'était pas du grand luxe, mais c'est tout ce que nous avions...

Je lui souris en grimaçant un peu, espérant qu'il ne ferait pas la fine bouche.

Elle m'invite à me lever, je me lève et la suit. Je sens encore le regard même bref des autres se poser sur moi. Les gens semblent plus intrigué par ma présence qu'autre chose. Après avoir traverser un couloir assez long, elle montre une chambre. Elle s'excuse disant que c'était tout ce qu'ils pouvaient m'offrir. A ça, je répond d'un murmure peu audible " C'est déjà trop... "
Pourquoi ? Pourquoi dont se donnaient-ils la peine de m'aider ? Moi ? Un meurtrier, un être qui vit tuant d'autres vie pour ne pas crevé par la soif ! Je n'écoute qu'à moitié ses explication m’aventurant un peu dans la chambre. Je m'approche du bureau, regarde la bougie. Je n'ai jamais aimé le feu. J'approche doucement mes doigts de la petite flamme et les laisses en suspend sur la bougie jusqu'à ce que la chaleur finisse par me brûler. Là, je suis soudainement prit d'un vertige ! Pour ne pas tomber, j'appuie ma main au bureau brusquement ce qui fait tomber la bougie qui, dans sa chute, s'éteint. Je reste un moment assez long dans un était assez second ou mon vertige menaçait de me faire m’évanouir. Puis je me ressaisis comprenant que ce n'est qu'un impression et que je resterais éveiller. Ce foutu poison semble encore faire effet, d'ici demain, ça ira mieux.

Je me reprend, me redresse un peu mais m'appuie toujours au bureau pour ne pas m'effondrer. Une question gagne mon esprit, Trajan n'y avait pas répondu. Je ne suis même pas certain de lui avoir poser la question, en fait. Je pose ma question d'une voix assez faible, sans me retourner.

" Dis ... Tu sais toi, pourquoi c'est la guerre ? Contre quoi ils se battent ? Pourquoi ils se battent ? "

Je tire la chaise et m'assois. Si je ne l'avait pas fait, je me serais écrouler au sol. Mes jambes me portent difficilement, j'éprouve une grande fatigue, comme si chacun de mes gestes étaient un effort sur-humain. Bien que cette expression ne puisse pas m'être approprié mais je ne trouve pas d'autre mot.

Je n'ai pas eu peur de lui faire comprendre que j'étais paumé. Justement, cela anéantissait encore plus l'image du roi qui s'en est prit à quelqu'un qui n'était pas de la guerre et qui ne savait pas où il se trouvait. Moi, je voyais un lac. Pas un territoire. Mais, est-ce que quelqu'un qui a tué son père et qui jalousais son frère peu juger un roi qui a grandi au milieu des hiérarchies les plus absurdes qu'il soit ? Je suis vraiment, pitoyable. J'attends sa réponse. Je l'écoute, attentivement.

Sa voix résonna à travers la pièce. L'écho de sa question resta néanmoins en suspend quelques instants.

"Dis ... Tu sais toi, pourquoi c'est la guerre ? Contre quoi ils se battent ? Pourquoi ils se battent ? " avait-il demandé.

Je remarquais à peine qu'il s'était assis en attendant ma réponse. Ce qui me frappa le plus fut plutôt l'air las qui l'accompagnait.

Pourquoi ils se battent... Quatre mots qui se posèrent sur moi comme de petites bulles de savons qui éclatent.
N'étaient-ils donc pas tous au courants dans leurs pays que la guerre faisait rage ? Il existait des endroits sur Amaranth où cette agitation furieuse était.. vacante ..?

La jalousie me tordit l'estomac. J'enviais cette forme de tranquillité. L'ignorance. Un sentiment dont nous étions privés quotidiennement, nous autres, esclaves. Tout un chacun se faisait un plaisir de nous rappeler notre condition.

Je me laissa tomber sur le lit.
Si j'avais à lui expliquer les tenants et les aboutissants de cette guerre, autant que je m'assoie moi aussi... Je commença sur un ton hésitant.

- Les motivations d'un fou sont difficiles à comprendre. Je... Je pense qu'il se bat car il a une haine en lui qui le dévore. Je parle de Trajan hein, me repris-je, soucieuse d'être abstruse. Il... comment dire.. Je ne lui trouve pas d'excuse, loin de là, mais je pense qu'il est.. malade. La folie l'a atteint bien plus profondément que les poisons qu'il cache en lui... Et cette folie le consume. Seulement un homme qui est de sang royal inspire la terreur, ce qui fait que pas mal de courtisans ont laissés les événements se dérouler sans rien faire. Pire encore, il a su trouver de nombreux sympathisants à sa cause. Donc je pense qu'il n'y a pas de véritables raisons politiques pour que Melodyus ait déclaré la guerre aux autres pays. Voilà...

" C'est idiot, alors. "

Je n'avais rien trouvé d'autre à dire sur le coup. Se battre juste par folie ? Peut-être n'acceptait-il pas que sa misérable vie soit éphémère ou que l'être humain soit impuissant face à toutes les autres créatures magiques de ce monde. Non. Ça justifie pas. Rien ne justifie ça. C'est vraiment absurde...

Je me penche pour ramasser la bougie, il était temps, puis je m'adosse sur la chaise et regarde le plafond.

" Si cette guerre a une origine que tous ont oublié, à quoi bon la continuer ? Si on ne sait pas pourquoi on se bat, pourquoi se battre ? C'est idiot. Par honneur ? Car abandonner serait une honte? Mais , dis-moi, d'après toi .. , il se retourne ver Soa le regard interrogateur, Qu'il y a-t-il de plus honteux entre reconnaître l'inutilité d'un combat et ainsi l'arrêter ou continuer une guerre sans but ni origine valable ? J'imagine que tu sais où se tourne mon point de vue.. "

Je la regardais, attendant une réponse d'elle. Sans vouloir influencer son point de vue. C'était à elle de me répondre avec franchise. Elle voyait les choses comme elle voulait, au fond, j'm'en foutais. Je voulais juste savoir ce qu'elle pense, si c'est l'inverse de ce que je pense moi, c'est pas grave.

La tournure philosophique de cette conversation m'impressionnais. Je ne m'attendais pas du tout à de tels propos venant de sa part -à vrai dire je ne m'attendais pas à grand chose, pensant qu'il continuerait à être muet comme une carpe- mais j'aimais sa façon de penser.

- Si tu exposes ton point de vue de cette façon à tous les membres de cette confrérie, tu vas vite te faire des amis, répondis-je en riant.

Il n'avait peut être pas vécu les mêmes souffrances que moi, lui qui habitait si loin de cette agitation malsaine, mais il avait su cerner le fond du problème en un instant...

- Tu as raison. Mais cette guerre dure depuis plus de vingt ans, et malheureusement nous sommes pris dans cet engrenage infernal, cernés par une poignée d'hommes de pouvoir qui se sont alliés à la cause du Roi Trajan... L'honneur... Ils n'en ont cure, crois-moi, soupirais-je. Ces hommes là n'ont pas de cœur. Ils ne supportent la folie de Trajan que par appât du gain. L'avidité les pousse à commettre des crimes plus horribles les uns que les autres. Ce sont ces hommes là qu'il faut abattre, dis-je dans un souffle presque inaudible.

Je lançais un regard entendu à Jin. J'espérais qu'il avait saisi l'allusion, qu'il avait compris que le seul but de notre confrérie était de briser l'élan sordide de cette machination putride, de l'intérieur. Voilà pourquoi je restais. Voilà pourquoi je subissais bravement mille et une tortures. Je préférais sacrifier ma vie pour sauver celles des enfants à naître. Ils méritaient tous un monde meilleur.
Mon seul but maintenant, était de supprimer les vies de chaque homme de main du Roi Trajan. Une à une. Coûte que coûte...

J'avais saisi à peu près l'idée. En gros on va tuer ces imbécile ? J'avais déjà tué alors, je n'avais rien à perdre à ce niveau là. J'avais déjà tuer une vie que j'aimais, même si cet "amour" n'était pas réciproque. Il a été capable de m'oublier, mon père. Comment pardonner ça ? Impossible.
En tout cas, ce serait bien mais ...

" Ne pense-tu pas que la mort peut aussi être une forme de libération ? "
Attend... J'ai pas pensé là ? Mince ! Bon, d'un côté ...

" Remarque, pour ces gens là qui vivent dans la joie de leur richesses salement obtenu, ce doit être autrement. "*lâche t-il en détournant le regard*

Je ne voulais pas qu'elle déduise que pour moi, la mort serait une libération à tout l'horreur de mon être. Je voulais pas qu'elle pige que je n'ai aucun attachement à la vie car je voulais pas de sa pitié. Je ne voulais pas non plus qu'elle me trouve minable, je me trouvais déjà assez misérable comme ça, je n'avais pas envie ni besoin que quelqu'un d'autre ai ce point de vue de ma personne.

Des amis, ici ? Moi ? Pfeu, peu de chance. Je suis un être qui ôte la vie pour sa propre survie alors qu'il préfèrerait crevé. Pathétique, égoïste et détestable, n'est-ce pas ?

[HRP : j'adore ton avatar *o* ]

- Ne pense-tu pas que la mort peut aussi être une forme de libération ?

J'écarquilla les yeux, surprise d'une telle déclaration. Ce genre de pensées morbides parcouraient toujours nos esprits à un moment ou à un autre, bien évidemment, moi aussi j'y avais réfléchi. L'idée de mourir, de cesser de me débattre pour rien. Des fois nos efforts paraissaient n'avoir aucun résultats, comme si nous n'étions que des milliers de poissons nageant contre un courant infernal. Et lorsque les corps des hommes de la confrérie nous revenaient, les corps sans âme de mes amis, évidemment que ma détermination défaillait. Mais jamais je n'avais véritablement songé mettre à exécution un tel projet. Mourir ? Et après... Moi, je voulais jouer un rôle dans cette guerre. Je voulais être celle qui tuerait ces monstres. Je voulais être une esclave affranchie, accompagnée de milliers d'autres !

- Remarque, pour ces gens là qui vivent dans la joie de leur richesses salement obtenu, ce doit être autrement.

Il paraissait gêné, comme s'il m'en avait trop dit. Je ne voulu pas insister. Chacun pensait ce qu'il voulait, et ce sujet nouvellement abordé, paraissait sensible.
Le silence s'installa. Je ne me décidais pas à partir. Même s'il fallait que je parle de Jin aux autres, avant de rentrer chez Lina et recevoir ma "correction".
Au bout de longues minutes passée à observer en détail un morceau de draps sur le lit (passionnant, n'est ce pas ?), je me lèva et lui dit doucement :

- Il faut que j'y aille. J'espère que tu pourras te reposer un peu ici... Je repasserais dans une semaine, d'accord ?

Je le regarda encore un peu, indécise et me décida à franchir le pas de la porte. Ou presque. Ma main s'attardant contre l'encadrement, je me retourna pour laisser libre cours à ma pensée une dernière fois :

- Tu sais, la mort... Peut être un choix. Personne n'a à juger. C'est ce que je pense.

Puis je m'en alla.

[HRP : merciiiiii Very Happy

moi aussi je l'aime bien mais j'ai quelques soucis avec, j'ai posté un topic dans le flood, mais personne n'a l'air de pouvoir m'aider >< ]

La mort ? Un chois ? Pour ceux qui peuvent mourir, oui. C'en est un. Elle n'a pas de vie éternel à supporté à tuer les autres pour ne pas crevé! Bien sûr, je pourrais me laisser mourir de faim. Mais, la douleur est trop grande et mon instinct fini toujours par me rattraper, et je tue sans le vouloir. Pourtant quand je l'avais tué, lui, je n'avais pas touché à son sang. Quand je pense que beaucoup d'humains aimeraient être éternel ... Pathétique.

C'est seulement quand Soa est sortie que j'avais réussi à lâcher une "au revoir" presque muet. Je reste un moment assit au bureau. Je rêvasse. Puis je me lève, enfin. Je me dirige ver le lit et je m'y laisse tomber. Il ne me servira pas a grand chose puisque je ne dors que rarement. Encore moins la nuit. Je vais donc passez une semaine à attendre de revoir la seule personne que je connais. Est-ce que je vais devoir sortir de la chambre demain ? J'imagine que oui. Est-ce que cela signifie aussi que je vais devoir essayer de me faire des amis, ici. Tout seul ? Sans aide ?! Comment on fait au fait ?
Je crois que sans elle, je vais pas m'en sortir. Bon, inutile de désespérer... Quoi que, j'ai que ça à foutre de toute la nuit. Et de toute la semaine.

Jin levais la main et créa un halo de lumière. La lumière alla sur son corps puis s'éteignit. Il se sentait mieux. Il avait accélérer la dissipation du poison plus rapidement qu'il ne le pensait. Au final, il réussissait quand même à s'endormir.

Ainsi, il dut attendre une semaine. Il décidait de rester là où il était pendant toute cette semaine. Il ne parlait à personne, il se méfiait de tous le monde. Il sortait juste de sa chambre la nuit ou en fin d'après-midi pour manger ou boire, même si cela ne lui servait pas à grand chose puisqu'il n'y a que le sang qui le nourrit, malgré lui. Il commençait d'ailleurs à avoir la gorge sèche, mais n'allait pas chercher de sang. Comme d'habitude, il attendrait la dernière seconde pour allez en boire.

~ Une semaine plus tard ~

Quatorze heure. J'avais profité de l'absence de Lina pour filer en douce. Mon amie Elenna couvrait mon absence, comme toujours. Il en allait de même quand il s'agissait d'elle. Nous nous épaulions comme cela régulièrement. Enfin bref, me voilà dans la rue, encapuchonnée comme une voleuse, alors qu'il fait 35 degré. J'essaie d'éviter un maximum la foule. En une vingtaine de minutes j'y suis : l'atelier. Je peux enfin me détendre un peu. Ma tension se relâche, mes muscles aussi. Malgré tout je reste nouée dans le dos, ma tortionnaire personnelle m'ayant accrochée à un poteau pendant près de 72 heures. Mais je m'en fiche, en contrepartie j'ai pu sauver une vie : celle de Jin.

J'avais discuté avec les autres membres de la confrérie sur son cas. Je m'étais portée garante, et il était maintenant sous ma responsabilité. Cela ne fut pas facile. Même si j'avais annoncé à Jin que toutes les races était permises, il y avait toujours eu une petite défiance envers les vampires. Jamais ceux que nous avions hébergé n'avait tué qui que se soit ici, mais la méfiance restait. Oui, les croyances populaires sont les plus résistantes !

Je passa en coup de vent saluer Mychael et deux trois connaissances qui traînaient au comptoir, avant d'aller directement frapper à la porte de Jin.

Quelques coups discrets pour signaler ma venue. J'attendis... Mais rien ne se passa. Je refrappais, plus fort cette fois.

J'étais allongé sur mon lit. Ma gorge se faisait sèche. Il faisait trop chaud à mon goût, je n'avais pas la force de bouger. Je ne supporte décidément pas la chaleur.
Je suis encore dans cet état second quand quelqu'un frappe à ma porte. Je reste un moment allongé, à moitié endormit à marmonner : " Une seconde ... "
Puis, on commence à frapper plus fort à ma porte. Je lâche alors un " Entrez ! " assez fort pour être audible. Mais au final, je me lève et va ouvrir la porte avant même que la personne n'ouvre. Soa. Elle est là, devant ma porte. J'ai sans doute une sale tronche et je me sens honteux de me présenter ainsi devant elle, décoiffé , le visage plein de sueur et la mine fatiguée. Je la salue avec ma voix un peu enrouée.

" Salut. "

Je la regarde un instant puis je m'écarte. Je me force de tousser pour éclaircir ma voix et l'invite.

" Entre. "

"Salut !"

J'entre timidement. J'ai l'impression de le déranger... Peut être qu'il était en train de dormir ? Je m'assois sur le lit comme chez moi. Quand je m'aperçois que ce n'est pas poli, je lâche un faible "Oh..." mais il est trop tard.

Je lance, sur le ton de la plaisanterie anodine :

- Je ne suis pas la seule à avoir l'air épuisée à ce que je vois !

A le voir comme ça, j'ai même le sentiment qu'il est malade... Chaque mouvement qu'il fait donne l'impression qu'il endure une terrible souffrance. Tandis qu'il s'avance vers la chaise du fond je le vois vaciller. Pour l'aider, je me lève aussitôt et passe un bras sous ses épaules. Seulement mes propres blessures me gênent et c'est à deux que nous clopinons vers le bureau. Je m'assure qu'il soit bien en place avant de le relâcher puis me frictionne le bas du dos. Un petit gémissement de douleur m'échappe.

- Tu es sûr que ça va ? Tu n'as manqué de rien ici ? demandais-je en feignant d'oublier que moi même je suis bien amochée. La priorité ici, ce n'est pas moi.

Je la laisse entrer, l'observe un moment. Elle s'assoie sur le lit et semble ensuite regretter son geste. Je ne comprend pas pourquoi. Je décide de m'assoir, moi aussi. Mais, pas sur le lit. Si je m'assois sur le lit, la tentation de m'allonger et m'endormir sera trop forte. Hors, j'ai une invitée, qui s'est un peu incrusté mais ce n'est pas grave. Et, même si je manque de savoir-vivre, je sais que ce serait impoli que je m'endorme ainsi devant elle alors que ça fait une semaine que j'attends patiemment qu'elle revienne, sans trop de raison d'ailleurs. Je décide de m'assoir sur la chaise au fond de la pièce. Celle du bureau. Je commence a marcher cependant je suis pris d'un terrible vertige qui manque de me faire tomber.
Là, Soa arrive et passe son bras sous mes épaules. Je la regarde surpris et la laisse m'aider. Cependant, je remarque bien qu'elle a mal, elle. Est-elle blessée ? Je commence seulement a remarquer une odeur émanant d'elle. Une odeur de sang assez légère. J'en déduis qu'elle dois avoir des bleus et quelques cicatrices ou écorchures assez récentes.
Une fois que je suis assis, elle se frotte le dos, comme si elle avait une crampe ou un truc comme ça. Là, elle me demande si je suis sûr d'aller bien. S'il ne me manque rien. Je n'ai franchement pas envie de lui dire que je suis en manque de sang parce que je refuse de me servir chez qui que ce soit. Je soupire donc et essaie de sourire. Grossière erreur pour deux raison !
Premièrement, je souris trop rarement pour que ce soit naturel.
Deuxièmement, bah euh ... Malgré moi je suis plus tôt expressif et on peu sentir que je mens, dans mon sourire et ma voix.

Cela ne m'empêche pas de persister.

" Je vais bien ne t'inquiète pas. "

Silence. Je sais que je manque de crédibilité. Je regarde alors Soa, inquiet.

" Par contre, toi ... Tu es blessée. "

Bien sûr que la phrase est affirmative. Mon odorat ne trompe pas ! Je sais qu'elle est blessée, enfin, je le sens. Elle ne peu pas me mentir. Quand j'approche de ma limite de jeun, mes sens de vampire sont décuplés.

Le ton de sa voix ne laissait place à aucun doute, alors pourquoi nier ? Je soupira faiblement, comme résigné. C'était la première fois que j'allais faire mention ouvertement de la punition que j'avais subie.

- Et bien... La femme pour qui je travaille n'a décidément pas apprécié ma petite escapade de la semaine dernière. Peut être que tu as déjà entendu parler de Lina, non ?

... A voir ses grands yeux écarquillés j'en déduisis que non.

- Et bien Lina est connue pour être à la tête du trafic d'esclaves. C'est elle qui se débrouille pour vendre des personnes de toutes races à de riches propriétaires humains, le plus souvent. Elle est aussi connue pour sa... cruauté. Et ces gens là ont toujours besoin de bouc-émissaire, c'est bien connu...

J'avais parlé d'un ton rauque et amer. Se remémorer ce genre de souvenirs infâmes ne me permettrais pas de passer à autre chose. Voilà pourquoi j'évitais sciemment de parler en détail du mauvais traitement que je subissais au quotidien. Oublier. Je venais ici pour oublier, enfouir au plus profond de mon être les stigmates laissées par cette garce, et enfin souffler un peu, libérer mon esprit et ma joie de vivre. Car oui, j'avais toujours eu l'espoir de m'en sortir, et il suffisait d'être entourée de mes amis pour retrouver un peu de chaleur. Ils devaient être les seuls à m'avoir vu sourire...

Je reste un moment silencieux face a son explication. Je me rend compte que je lui ai fait revivre de mauvais souvenir et je m'en veux. Après tout, elle vient ici pour fuir ça. Non ? Cela me semblerais logique. Je reste un moment silencieux lâchant d'abord un "je vois" peut audible. Puis, après un silence que je n'ai pas oser briser avant longtemps, je baisse la tête regardant dans le vide et je murmure :

" Je suis désolé... "

Je reste ainsi un moment. Je sens ma gorge me faire mal. Tellement mal que je la tiens de douleur. J'essaie d'avaler ma salive pour la rendre moins sèche mais ça ne marche pas. Je me dis que ce serait absurde que je me plaigne a Soa. Elle a suffisamment a faire avec ses problèmes. De plus, c'est de ma faute si je suis dans cet état. Il faut que je trouve un truc a dire avant qu'elle ne s'attarde sur mon état. Mais, je suis pas doué pour les discutions moi... De quoi on pourrais parler... Hum... Aucune idée ! Je pourrais lui demander si elle a vu les gens de la communauté et s'il lui ont parlé de moi. Mais c'est pas un peu égoïste comme demande ça ? J'ai aucune autre idée en stock.

" Hum, tu as...?

Alors que je commence a parler, je me rend compte que ma gorge me fait trop mal. J'en suis a combien de temps avant ma limite moi déjà ? Oublié. Mince non ! Je peux pas avoir oublié comme ça ! Je me sens vraiment stupide. En plus, je vais l'inquiéter comme ça. Je réessaie après avoir toussé pour éclaircir ma voix.

"Tu sais si les membres m'acceptent ? Je n'ai pas trop eu le courage de leur parler...

Réussi sans trop souffrir ! Mais .. J'ai commis une gourde! Révélé mon intimidation face aux autres membre de la communauté. Je me sens vraiment pathétique.

- Disons que certains sont plus réactionnaires que d'autres.

Comment lui expliquer sans le blesser ? J'essayais de garder le contrôle de ma voix et de choisir mes mots pour ne pas l'inquiéter outre mesure.

- La plupart des humains ici sont esclaves depuis leur plus jeune âge, ils ne connaissent rien des pays qui les entourent et des personnes qui y vivent, repris-je. C'est pour ça que certains sont plus enclins à croire des croyances populaires plutôt que d'essayer de s'ouvrir au monde.

Pour le coup, je ne savais plus si j'avais été très claire. Remarquant enfin que je triturais mes mains, je les posa à plat sur mes cuisses et le regarda, anxieuse. Mais... Comment ne pas l'avoir vu avant ? Jin allait définitivement mal ! De grands cernes, des yeux d'un rouge plus intenses, une fatigue extrême et cette façon qu'il avait de se tenir la gorge. Croyance populaire ou non, un vampire restait un buveur de sang, et je ne pouvais ignorer que celui-là souffrait le martyr. Il devait commencer à dépérir de faim. Ou de soif (?). Très peu de choses me faisant peur, je me sentais tout de même à l'aise à côté de lui. Peut être bien que j'étais inconsciente du danger...

- Mais ne t'inquiètes pas. Tu n'es pas le premier de ton peuple à faire escale ici. Généralement tout se passe bien quand tes confrères savent se contrôler...

Je le regarda avec insistance, cherchant à lui extirper par là la confirmation que tout irait bien pour lui.

Quand elle prend la parole pour me répondre, je ne comprend pas tout. En quoi ça répond à ma question ? Je la regarde un moment sans comprendre. Puis elle répond enfin de façon à peu près claire. Faudrait peut-être que je lui explique mes difficultés avec les mots trop compliqués... Non? Certainement pas ! J'en ai trop honte... A mon âge, des humains connaissent des mots plus compliqués que ceux que j'ignore alors... Je me sens stupide. A la fin de sa phrase, je me fige. "savent se contrôler".
Est-ce un avertissement discret glissé dans sa phrase pour me dire de faire attention a ne tuer personne à cause de mon instinct maudit ?
Je la regarde et essaie de lui faire un sourire assuré.

" Il n'y aura pas de problème à ce niveau là. Ne t'inquiète pas. "

Au fond de moi, je sais bien que je vais devoir trouver un moyen de me nourrir. Je trouverais bien une bestiole ou un truc comme ça, même si c'est pas très bon pour la santé.. J'm'en fou j'suis immortel ! Malheureusement. Je continu de m'inquiéter pour ses blessures. Ca fait un moment que je me retient, mais bon ... Tant pis !

" Bref. Fait voir tes blessures. "

Trop direct ... Hum, comment lui expliquer de façon brève qu'elle ne se trompe pas...

" Je peux te les soigner. Montre-les moi. "

Je crois que j'ai oublier de dire un truc.. Y'a pas un machin a mettre après une phrase quand on demande quelque chose ? Ah oui !

" S'il te plais... "

Je ne sais pas si elle l'a remarqué, mais moi oui ! Mes phrases, ma façon de parler... C'est très désorganisé tout ça. On voit bien que je parle pas souvent aux gens moi.
En fait, l'idée de la soigner m'est venue au bon moment ! Cela fera me permet de retarder le moment où elle parlera de mon état pitoyable qu'elle a sans doute remarqué.

Un peu perturbée par la façon de s'exprimer assez... segmentée de Jin, je le laissa néanmoins jeter un œil à ses vilains ecchymoses (ou pire, je sais pas trop, vu que tout est concentré dans mon dos). Il essayait de se montrer social, ça se voyait, et puis, s'il pouvait faire taire cette douleur, je ne pouvais pas dire non. Enfin si, j'aurais pu -par fierté- et si j'avais en face de moi quelqu'un d'un camp ennemi, seulement là il s'agissait de mon petit protégé qui proposait son aide. Peut être qu'il se sentait redevable envers moi ? Allez savoir.

Je souleva mon tee-shirt vert sombre (la couleur des esclaves à Melodyus) pour y découvrir le bas de mon dos. J'entendis un petit sifflement provenant de Jin. Pas quelque chose de très prononcé, presque un chuintement qui serait sorti un peu malgré lui tandis qu'il assistait au massacre de mon corps. Je sentais que cela n'avait rien de bon.

- Tu peux... vraiment arranger ça ? demandais-je, soudainement inquiète.

J'étais à présent obligée de soutenir le poids de mon corps en tenant le rebord du bureau. Je ne voyais pas Jin mais je sentais son regard posé sur moi. Une ambiance lourde s'installa. Je commençai à regretter le fait de lu avoir montré mes faiblesses. Et puis, tous ces bleus, c'était ... du sang !
Quelle gourde je faisais !! C'était comme si j'agitais sous le nez d'un famélique le meilleur des
steaks ! Je rabaissa vivement mon tee-shirt et me tourna vers lui :

- T'es sûr que ça va ?

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